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Laureat-Prix-Moumie.JPGLes cérémonies du Prix Moumié ce 13 novembre dernier nous ont donné l’occasion de nous rappeler qu’il y a 50 ans exactement tombait à Genève, un grand et intrépide patriote camerounais qui se battait pour que ses compatriotes soient véritablement libérés des chaines de l’esclavage colonialiste et de la non-progression délibérément entretenue.La remise du Prix Moumié à Genève à quatre valeureux lauréats, a rencontré un succès énorme dans une salle comble, auprès des invités venus des quatre coins du monde. Camerounais, centrafricains, tchadiens, guinéens, congolais entre autres, ont été de la partie, tous préoccupés par une cause commune: le devoir de mémoire envers les sacrifiés des « indépendances » africaines, ainsi que la quête d'une Afrique nouvelle, prospère et émancipée.

 

Une charge émotionnelle énorme, ainsi que l'apport d'une réflexion approfondie en termes de défis à court et à moyen terme pour le continent africain, ont montré que la Fondation Moumié a un avenir plein de promesses devant elle à travers la vulgarisation de la cause de Félix Moumié,  et l’indispensable nécessité de se rassembler pour partager et construire ensemble.

 

Seule ombre au tableau: l'absence du roi Sokoudjou et de Jean-Bosco Talla, deux des quatre lauréats de la 3ème édition du Prix Moumié, auxquels l'Ambassade de Suisse à Yaoundé a refusé d'octroyer le visa indispensable à leur déplacement. Avec les entraves administratives infligées également à Madame feu Albert Mukong, lauréat également, la Suisse prouve donc sa détermination à préserver des intérêts diplomatiques et économiques très nébuleux, au détriment du respect des droits de l'homme et de la lutte contre l'impunité, le terrorisme d'état, et le blanchiment d'argent détourné, qui règnent sous son nez et de celui de la communauté internationale toute entière.

Panelistes.JPG

 

Les travaux que la Fondation Moumié prévoit d’entreprendre avec la collaboration des autorités genevoises notamment, dans le but de faire la lumière sur le contexte de l’assassinat de Félix Moumié à Genève le 3 novembre 2010, sont ainsi plus que jamais au goût du jour. Car il s’agira non seulement de revisiter les responsabilités et la nature des rapports diplomatiques avec les responsables du meurtre, dans le cadre d’une enquête officielle qui n’a jamais abouti, mais également de se remémorer le contexte idéologique qui prévalait en Suisse et en Europe dans les années 60, notamment en relation avec les effets de la Guerre froide sur le continent africain.

 

La Fondation continue à rappeler aussi que Félix Moumié n’est pas tombé seul. D’autres avant lui, et surtout après lui et jusqu’à aujourd’hui, ont été assassinés ou désarmés, pour des raisons et dans des circonstances similaires, malgré l’indépendance officiellement décrétée dans 17 pays africains en 1960. Le musellement de la presse et de tous ceux qui cherchent à dénoncer les conditions inacceptables sur le terrain en termes de violations des droits de l’homme et d’irrégularités systématiques et institutionnalisées, à l’instar du lauréat Me Goungaye Wanfiyo, assassiné en décembre 2008, est une preuve indéniable que la lutte doit continuer pour que la lumière soit faite sur les exactions systématiques à l’encontre du développement des capacités des sociétés civiles africaines d'hier et d'aujourd’hui.

Vue-des-participants.JPG

 

La Fondation Moumié rappelle très solennellement à travers les cérémonies du Prix Moumié, qu’il est de notre responsabilité à tous de garder vivante la mémoire de Moumié ainsi que de ses pairs, d’autant plus qu’après un demi-siècle de mensonges et de manipulations, le Cameroun et l’Afrique en sont au même point, dans un environnement d’impunité plus omniprésent et arrogant que jamais. Nul ne peut tuer tout un peuple, et encore moins un idéal et une immense soif de liberté et de justice. Nous avons été là tous ensemble ce samedi 13 novembre 2010, pour entendre et comprendre que même si la situation est critique, rien n’est perdu, et que les souffrances du peuple africain trouveront la récompense méritée tôt ou tard. Mais nous avons aussi compris, à travers l’intervention de conférenciers de grande valeur, que nous devons travailler ensemble, nous appuyant sur les expériences acquises, de façon proactive et constructive, et surtout dans la quête éternelle de la connaissance et du progrès. C’est également cela que Félix Moumié aurait voulu s’il avait été là avec nous.

 

La Fondation Moumié va donc continuer dans cette quête de manière très déterminée et les tracasseries administratives des uns et des autres ne peuvent en aucun cas altérer le rêve de Moumié. Au contraire, ces tentatives inutiles d’humiliation et de sabotage ne font que mettre davantage en lumière l’absolue nécessité de continuer sur la voie que Félix Moumié a contribué à tracer, et qui est devenue immortelle le 3 novembre 1960.
 
 Rebecca Tickle

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